Art du mordant, sport canin


Guides & dossiers sur l'art du mordant canin

La posture du conducteur

Être un bon conducteur de chien dans une discipline quelconque demande des milliers d’heures d’expérience, on a démontré que les experts dans une matière donnée avaient aux alentours de 10.000 heures de pratique. Or, le chien que l’on aura rendu accroc au mordant demandera de la part de son maître une connaissance beaucoup plus poussée encore que dans les programmes où il n’y a pas de mordant. 

Faire en sorte que le chien soit encore connecté à son maître, alors qu’il est à des dizaines de mètres de lui dans ce qu’il aime le plus au monde, demande une maîtrise et une connivence des plus poussées. Donner au chiot le schéma nécessaire pour en faire un guerrier indestructible demande de la connaissance et du feeling très poussé. 

Mordant vs Agressivité

Dans la nature, l’agressivité est nécessaire pour survivre, soit : tuer pour manger et se sauver ou se cacher pour ne pas se faire tuer.

Notre civilisation ne comporte plus de prédateur pour les chiens et ceux-ci ont droit à leurs croquettes ou leur BARF (régime alimentaire de type ration ménagère à base de viandes le plus souvent crues et sans produit transformé) pour manger.

L’agressivité est assimilée à la peur alors que le mordant demande énormément de courage. Il ne faut donc jamais mélanger ces deux concepts.
On peut transformer certaines agressivités en mordant, mais personnellement, aujourd’hui, je n’ai plus du tout envie de pratiquer cela, car un dérapage quelconque de la part d’un maître et/ou d’un homme d’attaque déséquilibré donnerait à nouveau de l’eau au moulin des gens qui critiquent le mordant sans savoir de quoi ils parlent.

En neurocognitivisme, on explique très bien cela, on a tous, chiens comme humains, un cerveau reptilien : 
Fight : une peur qui se transforme en agressivité. 
Flight : une peur qui consiste à se sauver pour éviter le danger .
Freeze : une peur qui comporte l’inhibition de l’action en deux mots : se cacher.
La quatrième possibilité, c’est l’activation de l’action, c'est là que nous arrivons dans le cortex préfontal, celui qui laisse la place à toutes les constructions intéressantes dont le mordant peut faire partie.

Le triangle d’équilibre : maître – chien – homme d’attaque 

Jadis, j’acceptais de faire du mordant avec des maîtres ou des chiens qui manquaient d’équilibre et cela pouvait éventuellement rééquilibrer les choses, mais également déraper chez certains d’entre eux. Aujourd’hui, je n’accepte plus de faire cela si les trois parties ne sont pas tout à fait ok.
Un humain qui prend la posture du conducteur ou de l’homme d’attaque pour combler ses complexes ne pourra jamais arriver à un travail intéressant.

Un chien non équilibré auquel on apprend le mordant risque fort de glisser dans une agressivité qui sera préjudiciable.

Le tableau des exercices 

    • Attaque lancée
    • Garde au ferme  
    • Fuyante 
    • Défense du maître
    • Recherche 
    • Conduite
    • Garde d’objet 
    • Attaque arrêtée 
    • Attaque muselée 
    • Attaque ciblée 

La sélection  du chiot

Homéostasie : la sélection de tous les chiots (qu’ils soient à destination de la famille ou d’un travail quelconque) devrait rechercher une très forte assurance chez lui.  
Instinct de proie : le chiot doit aimer poursuivre, attraper, et cela de la manière la plus ferme et la plus déterminée possible. 
Profondeur de prise : la majorité des programmes de mordant demande aux chiens de mordre « fond de gueule » , mais même un programme comme le ring français qui permet au chien de mordre du bout des dents exige un chiot qui prendra la loque ou le boudin jusqu’aux commissures.
Vitesse d’entrée : à nouveau, quel que soit le programme visé, le chiot devra attraper sa prise avec une grande rapidité que l’homme d’attaque s’évertuera à amplifier au fur et à mesure des entraînements. 

La construction du chiot

Avant le changement de dents : pour un résultat optimal, on sélectionnera le chiot vers ses sept semaines maximum si l’éleveur le permet. Normalement, de 5 à 7 semaines, les bons éleveurs auront déjà identifié les chiots performants à usage des vrais conducteurs. 
L’insouciance du chiot de 7 à +/- 15 semaines permettra à celui-ci de se servir de ses dents de lait avec énormément de brio. 

Pendant le changement de dents : on va plutôt privilégier la vitesse d’entrée à la prise en le faisant gagner très vite. Si le chiot a déjà un gros bagage avant son changement de dents, il peut être intéressant de continuer sur sa lancée. Si, par contre, il n’a jamais mordu, il vaut peut-être mieux attendre que ses dents définitives soient bien en place. Débourrer un chiot est un travail spécifique qui demande autant de connaissances que de feeling. Certains hommes d’attaque sont doués pour amener le chiot de ses 7 semaines au podium. Dans certains clubs, ce travail se partage entre plusieurs personnes.

 

Deux mots sur les races

Contester une suprématie totale et absolue du malinois serait une absurdité due à une méconnaissance profonde. Cela n’empêche pas d’avoir beaucoup de plaisir de voir d’autres races travailler. Luc Vansteenbrugge me disait il y a trente ans à quel point il aimait bien les concours où il y avait d’autres races que des malinois, ce à quoi le bouvièriste que j’étais lui répondait que cela montrait encore mieux à quel point les malinois étaient meilleurs que les autres.

Mais pourquoi le malinois est-il tellement supérieur aux autres races ? Parce que c’est la seule et unique race au monde où il y a des centaines d’éleveurs qui les sélectionnent sur leurs qualités de travail avec une détermination que rien ne vient entacher. Il s’agit bien sûr des souches de travail, un malinois d’exposition est tout aussi fragile que n’importe quelle autre race élevée pour son esthétique. Au fur et à mesure des années, des races sont devenues interdites de mordant : phénomène médiatique, politique ou logique, etc… Ce débat me semble de peu d’intérêt puisqu’avant que ce ne soit le cas, ces races n’étaient quand même pas très présentes dans les disciplines de mordant. Il y a un certain engouement en ce moment pour ces races en PSA, mais elles ne remplissent pas les podiums pour autant. 

Le matériel

En plus des laisses, longes, colliers et harnais divers et variés employés en obéissance, pistage et rapport d’objet en tout genre, il existe du matériel ultra spécifique à la pratique du mordant. 

Loques :

Au départ, on commence à débourrer le chiot avec une petite loque en toile de jute. 
Les chiots doués vont très vite passer à un petit boudin, voir même certains vont rapidement mordre dans une petite manchette ou jambière.

Boudins :

Les boudins de mordant vont de très petits et mous à très gros et très durs pour construire de belles prises.

Manches et jambières :

Elles sont en toile de jute ou en synthétique. 
On pourrait les classer en trois catégories : 
Les manches allemandes pour les programmes schutzund et PCU. Elles demandent encore plus de dextérité de la part de l’homme d’attaque car mal employées, elles pourraient abîmer les mâchoires. Elles sont surtout en toile de jute.

Les manches « rondes », prémices aux costumes complets. Il y en a de grosso modo six degrés de dureté et elles sont en toile de jute ou en synthétique .

Les manches pour le KNPV ou pour le PSA qui sont faites pour des prises au biceps. 
Elles sont également en toile de jute ou en synthétique. 
Jambières : elles sont destinées à préparer le chien à mordre en costume complet avec des prises en jambe. Comme pour les manches, elles ont de 4 à 6 degrés de dureté et d’épaisseur et sont comme les autres, en toile de jute ou en synthétique. 

Costumes:

Les costumes « ring belge » ou NVBK sont particulièrement renforcés à hauteur du mollet pour la jambe et de l’avant-bras pour le bras. 
Les costumes français de compétition (appelés parfois pyjamas) sont très légers et permettent aux hommes d’attaque une mobilité maximum. Le fait d’avoir des barrages et surtout des esquives exige une dextérité permettant de faire « le grand écart » dans ces costumes. Lors des entraînements, les costumes sont souvent plus rembourrés pour permettre aux hommes d’attaque plus de confort et moins d’hématomes. Il y a donc chez les meilleurs fournisseurs quatre catégories : entraînement, semi-entraînement, semi-compétition et compétition (du plus gros au plus fin). 
Les costumes de mondioring sont plus ou moins les équivalents des semi-compétitions de ring français mais c’est évidemment intrinsèque à chaque homme d’attaque. 
Les costumes du KNPV ont la spécificité d’être en « deux couches » : un costume en cuir en-dessous d’un costume en jute noire qui recouvre celui-ci. 
Les costumes en kevlar servent dans les programmes de police ; pour apprendre aux chiens à mordre sur du « civil » et on les emploie également dans des programmes de reconditionnement pour corriger des agressivités.

Muselières :

les attaques en muselière sont pratiquées en ring belge, NVBK, campagne, PSA et dans les programmes de police. 


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